Porteur du cas d’étude : Unité mixte de recherche TETIS (Territoires, Environnement, Télédétection et Information Spatiale). Stéphane Dupuy.
Type de ressource FAIR(isé/isable) : GÉO-DONNÉE, COUCHE SIG, CARTOGRAPHIE

Disciplines/thématiques : TÉLÉDÉTECTION, GÉOMATIQUE, AGRONOMIE
Zones géographiques : ILE DE LA RÉUNION


A l’origine, une carte d’occupation des sols pour le projet GABiR

Le projet GABiR, Gestion Agricole des Biomasses à l’échelle de l’Ile de la Réunion (2017-2020) vise à étudier les meilleures façons de favoriser la gestion circulaire des biomasses à la Réunion.
Pour atteindre cet objectif, il est important de connaitre le territoire étudié. Une des premières actions du projet a été de produire des cartes d’occupation du sol les plus précises possible identifiant les espaces agricoles, naturels, artificialisés et l’eau.

 

Cartes d'occupation des sols - Ile de la Réunion 2017

Figure 1 – Cartes d’occupation des sols – Ile de la Réunion 2017

Ces cartes sont élaborées à partir de la chaine de traitement de l’occupation des sols Moringa* développée par l’unité mixte de recherche Tetis. Moringa utilise un algorithme de classification supervisé qui permet l’analyse d’images satellites et d’établir des cartographies d’occupation du sol avec 3 niveaux de précision.
Le processus de traitement de Moringa s’appuie ici sur différents types de données : une base de données de référence terrain, des images satellites de 2017 (Pléiades, Sentinel-2 et Landsat-8)et un Modèle Numérique de Terrain RGE ALTI®, couvrant l’ensemble de l’île de la Réunion.

La méthode peut être renouvelée de façon régulière afin de rendre possible un suivi des évolutions du territoire par la production de millésimes cartographiques.

* Gaetano Raffaele, Dupuy Stéphane, Lebourgeois Valentine, Le Maire Guerric, Tran Annelise, Jolivot Audrey, Bégué Agnès. 2019. The MORINGA processing chain: Automatic object-based land cover classification of tropical
agrosystems using multi-sensor satellite imagery – Agritrop (cirad.fr)
. Milan : Italian Space Agency, 3 p. 2019 Living Planet Symposium, Milan, Italie, 13 Mai 2019/17 Mai 2019.

Motivation à documenter les données dans une approche FAIR

Conscient du potentiel de réutilisation des cartes élaborées, l’auteur Stéphane Dupuy a vu dans l’approche FAIR une réponse à deux attentes essentielles :

  • Apporter une visibilité aux produits cartographiques au-delà du périmètre du projet ;
  • Documenter et valoriser son activité et les travaux méthodologiques autour de la chaîne de traitement Moringa
Des données rendues ouvertes et visibles

La base de données de références terrain et les fichiers des couches géographiques relevant des trois niveaux de précision sont déposés (au format de données shapefile) et décrits sur CIRAD Dataverse :

Les trois couches géographiques sont de plus consultées sur le portail géographique AWARE (Atlas Web Agricole pour la Recherche) de la Réunion, ce qui offre un accès régional facilité.

Un data paper exposant la méthodologie

Stéphane Dupuy a co-publié un data paper** dans lequel les auteurs exposent l’usage d’une méthodologie de cartographie de l’occupation du sol pour la production des cartes d’occupation du sol de l’île de la Réunion avec la chaine Moringa.

**Dupuy Stéphane, Gaetano Raffaele, Le Mézo Lionel. Mapping land cover on Reunion Island in 2017 using satellite imagery and geospatial ground data. Data in Brief, 28:104934, 12 p. https://doi.org/10.1016/j.dib.2019.104934

Evaluation des résultats obtenus de la FAIRisation

Résultats, bénéfices

Les données produites dans le cadre du projet sont rendues visibles sur Internet. Elles sont réutilisables disposant d’une licence d’utilisation CC-BY et d’une mention pour citer ses auteurs et la donnée.

L’auteur relève que la « FAIRisation » apporte une grande évolution dans le domaine de la télédétection et de la géomatique. En effet, si la pratique de diffusion de carte existe telle que sous forme de poster, le format (pdf) reste une image figée. La donnée documentée est diffusée dans le format shapefile qui est standard pour des données utilisables par un logiciel de systèmes d’information géographiques, elle est donc immédiatement réutilisable pour d’autres analyses.

Limites

La modalité actuelle de diffusion n’est toutefois pas optimale remarque l’auteur :

Les portails AWARE et CIRAD Dataverse ne communiquent pas entre eux ce qui oblige à une double saisie de métadonnées.

Le Dataverse fournit un DOI et une référence pour la donnée.  Il enregistre également les audiences de visite et de téléchargement de fichiers de données ce qui permet de voir le gain d’intérêt sur les données.

Cependant, si l’on souhaite visualiser dans sa dimension spatiale, une couche d’information géographique, il sera nécessaire de la déposer sur le portail AWARE ce qui implique que les fichiers de données seront dupliqués à deux endroits.

Points forts et pistes d’amélioration

Les données du projet GABiR font partie du top 10 des données visitées et téléchargées sur les portails de CIRAD Dataverse et d’AWARE.

> Quelques chiffres sur les données

> Quelques chiffres sur le data paper

Le Data paper est cité 13 fois (Google Scholar). Il n’y a pas de citation identifiée du DOI de la carte datée de 2017.

A noter que les cartes du millésime 2018 déposées sur le CIRAD Dataverse sont citées 3 fois.

Une reconnaissance de cette activité

La diffusion de données scientifiques n’est pas reconnue pour l’évaluation des scientifiques à l’instar des articles scientifiques, constate Stéphane Dupuy.

Il n’y a pas non plus de prise en compte du nombre de téléchargements ou de citations de la donnée dans l’évaluation de l’agent et/ou de l’organisme producteur, ce qui interroge sur la pratique elle-même.

Un besoin de retour sur la réutilisation

Les réutilisations des cartes d’occupation des sols vont au-delà des objectifs initiaux du projet GABiR.

Par exemple, la DEAL Réunion (Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) et l’ONF (Office National des Forêts) ont intégré ces informations dans leurs SIG (Systèmes d’Information Géographique) et l’Université de la Réunion utilise les cartes pour le suivi de l’évolution des savanes de l’ouest.

Dans l’hypothèse où la carte est réutilisée, l’auteur n’a pas de retour d’information sur les cas de réutilisation. Parfois il peut être contacté via la plateforme CIRAD Dataverse mais cela reste très marginal.

Enfin, Stéphane Dupuy souligne que quand une donnée est bien citée avec son DOI, l’information n’est pas rapportée tant au niveau de l’auteur, qu’à l’échelle de l’institution pour laquelle il travaille.


Ce cas d’étude d’application des principes FAIR a été présenté et discuté avec les membres du projet FooSIN. Consulter le support de présentation de l’étude de cas